Le questionnaire by Ernst von Salomon

Le questionnaire by Ernst von Salomon

Auteur:Ernst von Salomon [Salomon, Ernst von]
La langue: fra
Format: epub
Tags: littérature allemande
ISBN: 9782070257317
Google: EC7ZsgEACAAJ
Éditeur: Gallimard
Publié: 1953-05-14T23:00:00+00:00


Le commandant essaya de plaisanter, nous nous taisions. Mais lui voulait absolument parler. Il me demanda :

— Et vous ? Qu’est-ce que vous voulez être ?

— Rien, mon commandant.

— Diable ! Si moi je ne me trouve pas trop bon pour cette affaire vous n’avez pas à faire le difficile !

Après un moment, il ajouta avec un large sourire :

— Je vous nommerai officier des scrupules auprès de l’état-major !

Je voulais savoir ce que c’était, et il répondit :

— Je viens de créer ce poste. Exprès pour vous ! Poste très agréable ! Vous me ferez part de vos scrupules avant chacune de mes entreprises. C’est tout !

— Et puis le commandant fera quand même à sa tête ! dis-je.

— Plaas, dit-il, je crois qu’il est tout de même trop intelligent pour ce poste !

Le commandant conduisait lui-même. J’étais à côté de lui. Après un silence, il dit :

— Alors, posez-la donc, votre question idiote !

— Mon commandant, dis-je, est-ce qu’il le fallait ?

— Il le fallait ! dit le commandant.

À Saaleck, je me séparai du commandant et de Plaas. La brigade s’était rassemblée dans un champ ; il y avait des délégations des quatre coins du Reich, à peu près quatre cents hommes. Sur la route, des colonnes de S.A. et de S.S. s’approchaient. Je me rendis au cimetière. Mais un S.S., portant casque et fusil, y montait la garde. Lorsque je voulus entrer, il m’arrêta et demanda mon laissez-passer. Je n’en avais pas. Je dis que je voulais me rendre sur la tombe de deux amis. Mais il ne voulut pas m’y autoriser. J’allai donc au village. Peu après, je rencontrai Ernst-Werner Techow, également en civil. Lui aussi avait été renvoyé par la sentinelle, mais il avait grimpé par-dessus le mur et s’était rendu sur la tombe. Elle était marquée par un grand bloc de pierre carré où étaient gravés les noms de Kern et de Fischer et la phrase choisie par le commandant : « Fais ce que tu dois faire, vaincs ou meurs, et laisse la décision à Dieu. »

Techow et moi allâmes dans un restaurant où nous nous rendions chaque année. Peu à peu, quelques autres anciens camarades arrivèrent, les uns en uniforme, les autres en civil. Tous avaient des soucis. Puis, Plaas vint nous dire que le commandant désirait notre présence en bas. Aucun ne voulait y aller, nous trouvions que cette plaisanterie ne nous concernait pas. Plaas s’adressa à moi, disant que le commandant voulait absolument me parler. Je le suivis. J’ai toujours été beau joueur.

Le commandant se tenait seul devant le petit bloc gris de sa brigade. Des deux côtés s’étaient placées les colonnes des S.A. et des S.S., avec des drapeaux, des étendards et des fanfares. Devant le bloc des S.S. se tenaient les hauts dignitaires du parti dans toute leur splendeur. Le commandant vint vers nous et dit :

— Plaas, vous vous mettrez à droite derrière moi, et vous, vous vous mettrez à gauche, s’il vous plaît. Et faites bien attention, je ferai un discours.



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